Deux cent millions

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Aujourd’hui, j’ai gagné deux cents millions d’euros à la Loterie. Oui, vous avez bien lu, 200 millions. Un hasard. Je souhaitais acheter des timbres et le buraliste n’en avait plus, du coup, j’ai joué au Loto, comme ça, sans raison. Je n’arrive toujours pas à réaliser l’importance du montant ni du nombre de zéros que cela représente. J’ai quitté l’école très jeune, vous savez. Vu mon salaire actuel, il m’aurait fallu des milliers de vies pour espérer une somme pareille. C’est fou !
Et maintenant ? Dois-je en parler à ma femme ? À mes enfants ? À mes amis ? Comment vont-ils réagir ?

Je suis sûr que je vais en voir débarquer pour me quémander de l’argent, tels des charognards sur un cadavre encore chaud. Je les vois d’ici frapper à ma porte avec insistance, prêt à l’enfoncer pour me prendre ce qu’ils vont considérer comme n’étant pas mon argent, vu que je ne l’ai pas gagné à la sueur de mon front. J’ai lu un article, il y a quelques mois sur des gagnants qui devenaient fous, dépensaient à tout-va et se retrouvaient dans la misère en moins de deux ans ! Certains quittaient leur femme ou leur mari, d’autres étaient victimes d’escroqueries, d’homicide même !
Je n’ai aucune envie de vivre avec la peur d’être volé ; me réveiller une nuit avec le couteau sous la gorge d’un soi-disant ami à qui j’aurais dit non ! Vivre dans une forteresse derrière des barreaux dorés, loin de ces vallées que j’aime tant.
Cette chance va me permettre de mettre du beurre dans les épinards, partir en vacances, pourquoi pas prendre l’avion pour la première fois de ma vie, m’acheter une belle maison, une grosse voiture, mais tout cet argent ne va-t-il pas me brûler les doigts ? Je vais attendre quelques jours et réfléchir à tout ça, aller me renseigner discrètement à la grande ville, ici tout se sait.

Demain, comme d’habitude, je retournerai travailler avec l’esprit serein, je dois prendre du recul et faire le point sur ma vie. J’ai laissé tellement de choses de côte par manque de temps, manque d’argent, c’est le moment d’accomplir une part de rêve.
Je sais déjà à qui donner : La mamie du troisième dans son petit appartement, toujours le cœur sur la main, celle que sa famille ne vient plus voir depuis qu’ils l’ont mis sur la paille. Les amis qui m’ont aidé sans contrepartie quand j’étais dans le besoin, mes voisins toujours prêts à rendre service.

Au moment où j’écris ces lignes, ce qui m’inquiète le plus, c’est mon épouse ! Je prie pour qu’elle ne change pas, que l’argent ne lui monte pas à la tête. Nous avons souvent eu du mal à joindre les deux bouts, mais nous nous aimons et ça, tout l’argent du monde ne pourra pas l’acheter, mais le détruire, c’est moins sûr.

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