Temps de lecture : moins d’une minute
L’homme remit sa cravate en place et se pencha sur son premier adjoint avec un sourire sardonique.
— Ne vous inquiétez pas, mon cher. Tout va bien se passer, je vais les retourner comme des crêpes et après, on ira tranquillement finir nos profiteroles. S’ils étaient belliqueux, nous serions déjà tous morts, non ! Alors, arrêtez avec vos conneries d’apocalypse !
Alice, son assistante avait osé déranger monsieur le Maire avant la fin de son déjeuner et il détestait ça. Laurent de Bergerac, élu au poste le plus prestigieux de cette grande ville de New-City, était un spécialiste des discours bien ficelés avec son charisme et un talent oratoire sans pareil. L’arrivée des vaisseaux au-dessus de la ville avait créé un mouvement de panique. La population était en proie à une terreur sans nom et l’arrêt soudain de tous les moyens de communication n’avait rien arrangé. Les services gouvernementaux ne répondaient plus depuis plusieurs heures et il n’y avait que monsieur le Maire pour ne pas voir le danger présent au-dessus de sa tête.
Devant une foule déchaînée, maintenue difficilement en place par un cordon de police urbaine, il leva les bras bien haut pour demander la parole et se pencha sur le micro le sourire aux lèvres pour entamer son discours d’apaisement. Quand une violente déflagration déchira l’air, une lumière aveuglante désintégra l’ensemble du conseil municipal et des premiers rangs de l’assistance, ne laissant qu’un trou circulaire parfait de plusieurs mètres de profondeur et un nuage de poussière s’élevant dans les airs…
Derrière son pupitre, Glloq pesta en tapant sur la console. Lui qui souhaitait juste cibler la tête de la créature hideuse qui agitait ses membres supérieurs pour lui couper le sifflet, avait bêtement oublié de régler la largeur de son rayon. Sa blague tombait à plat. Mais ce n’était pas un drame, le commandeur avait donné le top départ et tel un enfant munis d’une loupe pour tuer des insectes affolés ; il allait passer un moment de franche rigolade avec ses collègues de tir. Sur cette planète, il y avait de quoi faire et la suppression de cette espèce invasive et destructrice était nécessaire avant qu’il ne pollue cette partie de l’univers.