La sirène et le capitaine

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L’aube pointait à l’horizon quand il la vit pour la première fois. Curieuse, la sirène observait la caravelle éventrée telle une coquille de noix. Le capitaine, accroché aux restes d’un mât d’artimon, reprenait lentement ses esprits après une nuit agitée plus que de raison.

La victime brisée par l’épreuve du naufrage, pensa à un mirage, une hallucination due à la chaleur du rivage. Elle était magnifique, déesse aux écailles d’or scintillantes sur les flots, ses cheveux entremêlés d’algues et de coquillages sortis d’une peinture de Michelangelo.

Ignorant les légendes et récits de la mer, le fier capitaine en tomba amoureux dès que leurs regards se croisèrent. Mais les marins survivants intervinrent toutes gaffes dehors, chassèrent le monstre, lui attribuèrent leur sort.

Mais bientôt la belle née des eaux revint sur le rivage, pour comprendre la flèche de Cupidon et son curieux langage, à la recherche de l’homme qui, sur ses deux jambes campées, pourrait en un instant apaiser sa solitude des dix siècles passés.

Reine d‘un peuple autrefois majestueux, elle était la dernière, hôte d’une cité antique engloutie par les caprices de la terre. Sacrifiée par les dieux, paria de l’humanité, en cette seconde unique d’éternité, un ultime espoir dans son cœur était né.

Leur retrouvaille par un jour de tempête ne se fit pas sans heurt, ainsi ils réunirent l’enveloppe charnelle de leurs âmes sœurs. Chacun céda à l’autre une parcelle de son corps, et d’un baiser à jamais scellèrent leur destin dans un parfait accord.

Avec lui, elle fit le vœu de découvrir un nouveau monde, braver les dangers, laisser s’exprimer ses pensées vagabondes. Derrière les dunes cachées à son regard, imaginant des contrées merveilleuses, elle passa à travers le miroir.

Vivant heureux et libre dans un monde sans frontières. Avec la grâce jour après jour d’exaucer leurs prières. À l’abri du courroux des hommes toujours prompts à condamner, ce qu’ils ne comprennent pas, une alternative de pensée.

Toi qui lis ces lignes, crois-en la légende de la sirène et du capitaine parcourant la terre. Du fond des abysses aux plus hauts sommets, ils accomplirent leur voyage dans une danse endiablée.

Aujourd’hui encore, aux premiers rayons du matin, écoute le vent entonner le refrain. D’une chanson d’amour qui a embrasé les cieux, d’une histoire que deux êtres opposés raconta de merveilleux.

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